mercredi 1 août 2007

Ma vie, première partie

Du plus loin que je me souvienne, ma vie a été remplie de moments, que je qualifierais de dramatiques.

Épargnée, contrairement à mes soeurs et à mon frère, de l’alcoolisme de mon père, j’ai eu une enfance assez belle. Inconsciente de ce qui rendait ma mère ultra anxieuse, ma sœur aînée totalement colérique à la vue de mon père, mon frère distant et réservé comme il s’en fait rarement, mon autre sœur qui vivait dans son monde imaginaire de souris, moi j’étais protégée de la source de toutes ces problématiques.

Protégée par mon jeune âge, par mon innocence. Quand la maison grondait de querelles, ma sœur cadette de quatre années me bouchait les oreilles et chantait pour m’épargner ce désordre. J’ai toujours été protégée par ma fratrie étant donné que 10 ans me séparent de ma plus vieille sœur et quatre de ma cadette.

Au même moment où ma sœur aînée a pris la décision de ne plus adresser la parole à mon père « ça duré deux ans » moi, j’étais gâtée par ce dernier. Crème glacée, permissions spéciales, moments privilégiés en sa compagnie étaient au rendez-vous. Qu’avaient-ils donc tous à lui reprocher? Je n’y comprennait rien. Il était si merveilleux à mes yeux. C’était mon idol! Aujourd’hui, je comprends que j’avais droit à tout cela, car j’étais la seule qui ne lui reprochait jamais rien, qui ne le jugeait guère. J’étais la seule de ses enfants sur quatre avec qui des rapports harmonieux pouvaient exister.

Pendant toutes ces années, j’ignorais à quel point la vie était difficile pour ma mère. Elle arrivait à peine à joindre les deux bouts. Seule à élever quatre enfants, à en garder d’autres, elle devait faire preuve d’ingéniosité pour arriver à nous habiller et à nous nourrir adéquatement. Au diable l’orgueil, les bonnes sœurs allaient nous venir en aide.

N’allez pas croire que mon père buvait toute sa paye! Ma mère m’a déjà dit que s’il y avait une chose qu’elle ne pouvait pas lui reprocher c’était bien de ramener de l’argent à la maison. Ce n’était tout simplement pas suffisant une fois sa boisson achetée.

L’argent, serte, était une énorme préoccupation, mais l’inquiétude mêlée au perfectionnisme de ma mère allaient tous nous laisser des séquelles que nous allions tous porter pour le reste de notre vie. « Tant qu’à faire quelque choses, les enfants, faites-le bien dès la première fois! » Disons qu’il n’y avait pas beaucoup de place pour l’erreur. Comment pouvait-elle nous le permettre quand elle, elle devait tout assumer seule et le faire efficacement, car le temps comptait. Elle devait faire rouler la maisonné, éviter toute perte de contrôle, chaque minute était précieuse afin d’arriver à tout faire dans une journée. Il fallait bien parraître, être propre, et ne pas attirer l’attention sur nous. Provenant d’un petit village de la Gaspésie où les valeurs religieuses et la fierté étaient au premier rang, ma mère tentait de nous léguer ce qu’il lui avait été appris. Comme notre situation familiale n’avait pas de quoi rendre qui que ce soit fière, valait mieux ne pas attirer les regards ou les questionnements.


Je pourrais en dire tellement plus sur cette épisode de ma vie, mais par respect pour chaque membre de ma famille, je vais m'en tenir à ce qui se rapporte à moi.

À un certain moment de ma vie, j’en ai voulu à ma mère d’être comme ça. Toutefois, aujourd’hui, je lui lève mon chapeau. Elle en avait plein les bras et à regarder ce que chaque enfant à fait de sa vie, on comprend qu’elle a donné tout ce qu’elle pouvait et même plus, et ce, afin que ses quatre petits aient une belle vie, qu’ils réussissent et qu’ils restent dans le droit chemin. Même si certains de nous se sont éloignés du chemin à suivre, la puissance de nos belles valeurs nous a ramené sur la bonne voie. Je ne peux qu’avoir de l’admiration pour cette femme qui a consacré sa vie à protéger ses enfants. Nous avons tous vu ou entendu des choses que nous n’aurions pas du entendre, mais je crois que c’est légitime. Qui aurait pu vivre sous une telle tension sans jamais dire un mot?

C’est donc à travers du peu que je me souvienne que j’ai grandit. Parfois auprès d’une mère colérique de retrouver un manteau neuf, décousu et rempli de bouteilles de fort vides à la poubelle. Fallait bien que mon père cache sa problématique pour pouvoir continuer à la cultiver. À d’autres moments, un grand ménage de l’atelier de mon père s’imposait. Ma mère, ma sœur et moi partions à la recherche de ces contenants qui rendaient ma famille si malheureuse. Une belle chasse aux trésors s’entamait pour moi.

Puis, vint le jour où j’ai tout compris. Je m’en souviens comme si c’était hier. Pourtant, il y a de ça près de 22 ans. J’étais avec mon père dans son petit pick-up rouge, un Toyota 1985. Je passais la journée avec lui pour faire des commissions. J’adorais ça, il me permettait de changer les vitesses lorsque le temps venait. J’ai appris à bien écouter le moteur et à rendre mon père fière de moi. J’avais six ou sept ans. Sur le chemin du retour, mon paternel s’est arrêté au dépanneur. Wow! Je croyais rêver, en plus d’une magnifique journée, j’aurais le droit d’avoir des bonbons. J’allais être surprise puisqu’il allait lui-même les chercher pendant que moi je devais rester sagement assise dans la camionnette. Il ressortit avec un grand sac de papier brun. Je jubilais! Il en avait pris beaucoup. Excitée, j’ai tenté de lui prendre le sac. Avec le sourire, il me demanda de ne pas toucher. Je croyais qu’il était aussi excité que moi en voyant son sourire sur ses lèvres. Il voulait sûrement faire durer le plaisir en me demandant de ne pas toucher. Quelle chance avais-je? Il fît un deuxième arrêt à la crèmerie. « Entre ma grande, papa va aller te rejoindre ». J’ai refusé disant que j’étais trop petite pour pouvoir voir les sortes de crème glacée dans le frigo. Je voulais qu’il m’accompagne, qu’il me soulève, j’étais gênée aussi. Rien ne le fît changer d’idée, c’était clair, je devais entrer seule. Une fois à l’intérieur du commerce, mon imaginaire d’enfant se remit en marche. Il voulait sûrement préparer ma surprise. L’excitation refit surface en le temps de le dire. La plus belle journée de ma vie allait se produire. Quand vint le temps de payer, je me suis sauvée dans la camionnette. J’avais à peine une minute ou deux pour fouiller. Quelle déception ai-je eu en ouvrant le sac de papier. Il n’y avait pas de bonbons, c’était une bouteille comme celle que maman me faisait chercher dans l’atelier de papa. À une différence près, elle n’était pas vide. Quelques gorgées avaient été prises. C’est alors que j’ai tout compris. Papa était excité d’avoir enfin sa bouteille, l’arrêt à la crèmerie lui permettrait de s’enfiler quelques gorgées avant d’entrer à la maison et par le fait même cela allait sûrement calmer l’engouement de sa petite pour son sac de papier. La petite dernière n’y verrait que du feu.

À partir de cette découverte, j’ai commencé à comprendre bien des choses. J’aimais toujours mon père, il était encore mon idole. J’étais la seule à avoir une belle relation avec lui. Je venais d’essuyer ma première déception, pas la dixième comme mes soeurs et mon frère. J’étais encore toute pleine d’innocence.

Deux ans plus tard, c’est en désintoxication que mon père allait passer quelque temps. Il allait me manquer. Ma mère me parlait de vacances, mon paternel allait se reposer, se refaire une santé. Elle ignorait que je savais maintenant ce qui gâchait la santé de mon papa. Au bout de trois semaines loin de lui, nous sommes allées le visiter, ma mère, ma sœur et moi. Quelle joie de revoir enfin l’homme de ma vie!

Je me souviens d’avoir vu une femme là-bas. Je ne l’oublierai jamais. Ce visage et cet esprit ravagés par la consommation m’ont toujours habitée. Il m’a assez fait peur pour que bien des années plus tard, devant toutes sortes de drogues dures, je dise « NON ». Je peux être reconnaissante devant cette rencontre, car je serais peut-être tombée dans le gouffre à mon tour. Mon entourage m’a régulièrement mise en contact avec la cocaïne, la mescaline, le LSD, les champignons magiques et j’en passe. Chaque fois que j’ai été sollicitée, j’ai refusé. J’avais peur d’aimer ça, de perdre le contrôle, de devenir folle, de faire honte à ma mère, d’avoir l’air de cette femme que j’avais jadis rencontrée et qui m’avait traumatisée.

Voilà maintenant plus de vingt ans que j’ai un père sobre. Quelle fierté de le voir résister et s’aimer assez pour s’offrir une vie plus saine. Il n’a pas perdu tous ces comportements d’alcooliques. Ceux qui connaissent cette maladie savent de quoi je parle. Un certain égocentrisme, les grosses dépenses irréfléchies,…

Après l’épisode de mon père, c’est la mienne et celle de ma mère qui se sont entamées. Entourée par des amis désirant vivre de nouvelles expériences, le monde de la drogue m’ouvrait ses portes. Nous nous sommes tous mis à consommer de la mari. C’était plutôt fréquent et sans raison. À l’école, le soir après l’école et la fin de semaine. J’ignore encore aujourd’hui comment je faisais pour payer. Je ne travaillais pas, je ne recevais pas d’allocation hebdomadaire et je n’ai jamais volé. Reste que je consommais et une des répercussions de cette consommation est d’avoir perdu la mémoire sur bien des choses de cette époque.

Je me souviens que j’aimais me retrouver dans un état second à dessiner pendant de longues heures. Souvent absente du domicile familial, je devais marchander de plus en plus ma liberté avec ma mère qui était beaucoup moins permissive que celles des autres. Tenter de tout cacher; mes yeux rouges, l’odeur et les cours manqués.

Puis, ma mère tomba malade d‘un cancer du sein. J’avais maintenant une bonne raison de consommer. Oublier, fuir la réalité, calmer mes peurs. Avec l’absence de ma mère qui recevait ses traitements à l’extérieur de la ville, j’avais toute la liberté désirée pour y arriver. Les drogues dures se sont ensuite présentées à moi et avec le souvenir que j’avais en tête de cette femme démolie, j’ai résisté. Malgré les tentatives d’une soi disant, copine à me convaincre, j’ai tenu bon. C’est sans regret aujourd’hui que j’en fais le constat. Surtout que cette fille est tombée dedans comme Obélix à sa naissance. Je l’ai vu dépérir. La boisson, la cocaïne et la prostitution s’en sont suivi. Dieu seul sait ce qu’elle est devenue!

Bien que je puisse être fière de ne pas m’être laissé influencer, d’autres situations ne soulèvent que des regrets et de la honte en moi. Je me souviens avoir été tellement dure avec ma mère. Je lui criais par la tête, je lui manquais de respect et je me souviens même l’avoir poussée. Encore aujourd’hui, quand je revois la scène où ma mère part s’enfermer dans sa chambre pour pleurer, j’ai le cœur qui se sert.

Heureusement qu’aujourd’hui je suis près d’elle et que je lui dis que je l’aime chaque fois que je la vois. Je lui raconte presque tout et je suis prête à tout pour elle. C’est spécial de voir à quel point l’âge change notre perception face à nos parents!

Quand ma mère a appris le genre de vie que je menais, elle sortait à peine de l’hôpital pour un congé. Elle m’a affronté avec le peu de forces qui lui restaient. J’avais 16 ans, je venais de tomber amoureuse d’un gars qui avait cinq ans de plus que moi. Il consommait, c’est même lui qui me vendait ma mari. Quelques mois après notre rencontre, j’ai complètement cessé de consommer. Après avoir vécu deux malaises, que l’on nomme badtrip dans le milieu, j’ai commencé à avoir peur. Ma mère m’affrontait exactement à ce moment là. J’avais beau lui dire que je ne consommais plus, pour elle, je n’avais aucune crédibilité. Les mensonges, les amis qui consomment encore, tout était contre moi. Elle était tellement déçue et elle me faisait sentir tellement coupable de la honte que je lui faisais porter en plus de la maladie qu’elle combattait que je me suis refermée sur moi-même. Je m’absentais maintenant du nid familial pour une autre raison que celle de consommer.

C’était parfait pour mon nouveau chum manipulateur et bi-polair non-diagnostiqué à l’époque, pour tisser ses filets sous mes pieds. Un amour passionné, aveugle et malsain vu le jour. J’y ai laissé, au fils des six années et demi qui suivirent en sa compagnie, ma confiance en moi, mon amour propre, mon goût de vire, ma confiance envers les hommes, mes belles illusions du mariage heureux et une partie de ma santé mentale.

Après quelques mois de pur délice, de pur bonheur, les paroles blessantes, méprisantes, abaissantes et irrespectueuses firent leur apparition. Je ne me laissais guère faire, mais chaque fois, je lui accordais une autre chance.

Qui dit une autre chance, dit d’autres opportunités pour recommencer. C’est alors que je me suis mise à entendre et à croire que j’étais nulle, inintéressante, que je n’avais pas assez de gros seins, trop de grosses fesses. Pourtant, je mesurais 5 pieds et quatre pouces, je portais du 34B et je pesais 120 livres. Les autres femmes étaient toujours plus belles, mieux roulées, plus stimulantes à regarder, plus cochonnes. Il me disait que j’étais chanceuse de l’avoir dans ma vie, car après lui, plus personne ne voudrait de moi.

Je devais tout faire pour le garder. Le séduire jour après jour. Satisfaire ses pulsions sexuelles immenses et chaque fois grandissantes. « Fais-moi une fellation, si tu refuses, je vais en trouver une qui ne demandera que ça ». Quand on a peur de perdre son homme, on opère. Nous étions des plus actifs. Je me réveillais même parfois la nuit parce qu’il était sur moi et qu’il me pénétrait. On ne parle pas d’un réveil plaisant, en douceur, respectueusement fait par son amoureux qui nous désire. On parle ici d’un réveil brutal d’un homme qui veut baiser. Comme tout était banalisé avec lui, que tout était normal, je me suis mise à normaliser et banaliser à mon tour une tonne de choses. La pornographie à profusion, les revues en quantité astronomique, les objets sexuels, les danseuses une fois par semaine, la sexualité elle-même. Tout était normal et banal et j’en étais convaincue.

Les gens disaient : « Wow, ta blonde est « open » le gros! »ou « elle est folle ben raide cette fille-là! » ou « une vraie guenille, soumise comme il s’en fait peu! » ou « Pauvre fille, elle ne mérite pas ça! » Évidemment, j’entendais seulement les commentaires positifs. Certains de ces copains le jalousaient. Enfin une femme qui ne chiale pas quand son chum va aux danseuses! Elle lui souhaite une belle soirée avec le sourire aux lèvres. Il n’y a pas a dire, j’étais vendu à tout ce qu’il me disait. J’avais l’esprit tellement ouvert!!! J’étais tellement naïve!!!
Chaque fois qu’il sautait une coche, j’en étais responsable. J’entendais défiler dans mes oreilles toutes les insultes que la terre ait portées. Une course de moto qui avait mal terminé, un bri mécanique, une chute, une douleur, une blessure, une erreur dans l’heure d’un rendez-vous, sur les directions d’un trajet, tout y passait. J’étais la RESPONSABLE. Pute ,salope, « brainless », nulle, stupide, épaisse, conne et j’en passe. Jamais dans ma vie on ne m’a donné autant de qualificatifs.

Chaque période de noirceur était suivi d’une lune de miel et Dieu sait à quel point elles étaient bonnes. La culpabilité qu’il ressentait et la peur de me perdre faisaient en sorte qu’il soit doux, tendre et attentif comme je l’aimais. Chaque fois, cela me donnait l’espoir qu’il réussisse à changer et qu’un jour, ces périodes de noirceur ne soient que du passé.

Repenser à toutes ces années est assez spécial pour moi. J’ai l’impression de me remémorer les images d’un film qui m’a marqué. Certaines scènes sont très claires, l’histoire je m’en souviens, j’arrive même à me rappeler des émotions que j’ai eues. Sauf que cette fois, ce n’est pas d’un film dont il s’agit. C’est de ma vie! C’est absurde, pour moi, de me revoir aussi faible, aussi tolérante, innocente, aveuglée, manipulée. C’est comme si c’était de la fiction.

J’ai vécu des trucs tellement fous à cette époque de ma vie. Des poursuites en voiture dont une, car deux quinquagénaires m’avaient regardé à une lumière. Celle-là, elle m’a marqué. Debout sur le capot, le pic à glace entre les mains, mon amoureux menaçait ces deux hommes, aussi fous que lui, d’éclater leur pare-brise. Quand il remit les pieds aux sols, les hommes lui ont foncé dessus avec leur bagnole. Comment est-ce possible tout ce cirque? Tout cela pour une fille à qui il disait qu’elle avait de trop grosses fesses et trop des petits seins…

Une autre fois, ce fût après une grosse journée de travail et 1h30 de transport en commun que le calme s’est vite transformé en tempête. Comme mon bel amour ne pouvait pas pratiquer son sport préféré (motocross) seul, il m’attendait sur le seuil de la porte. Il voulait que je l’accompagne dans le bois pour qu’il puisse exercer son sport. J’étais épuisée, j’avais faim, pour me convaincre il me proposa un souper en amoureux après sa pratique. Pour lui faire plaisir, je suis montée sur la moto, en jupe, en talons hauts, le ventre vide. Après 1h30 de pratique, le temps était venu de rentrer à la maison. La noirceur commençait à tomber et nous devions tous les deux manger avant de faiblir. C’est alors que mon homme eu la merveilleuse idée de me faire conduire sa moto (250cc). Moi qui avait seulement conduit des petites motos de 80cc, moi qui avait peur de ces machines, moi qui n’avait aucune expérience et surtout aucune confiance. J’ai essayé quelques minutes, mais je n’arrivais pas à toucher parterre avec mes pieds et j’étais tellement stressée que le principe du changement des vitesses était devenu du chinois dans ma tête. Je suis donc débarquée et lui a essayé de me convaincre de recommencer. Devant mon refus et ma ténacité, il s’est enflammé. Les merveilleux qualificatifs sortis de sa bouche, il démarra la moto, passa à côté de moi en m’envoyant un coup de pied derrière une jambe et en me lançant par la tête que si je refusais de conduire, je devrais marcher. C’est ce que j’ai fait. J’ai marché en talons haut dans le bois, avec ma petite jupe en scrutant le sol pour y voir les traces de pneus qui m’amèneraient jusqu’à la maison. Le trajet fût long et pénible pour moi, pas pour les moustiques affamés et heureuses d’avoir enfin une proie. Quand je suis arrivée à la maison, mon tendre amour embarquait dans sa voiture pour aller manger au restaurant. Il avait eu le temps de se laver, de s’habiller et de se peigner. J’étais en furie. Une belle grosse engueulade éclata et je finis par admettre que j’avais eu tord de refuser. J’aurais dû surmonter ma peur et essayer à nouveau. Tout était encore de ma faute! Sachez que c’est avec une grande pointe de sarcasme que j’en parle ainsi.

Au moins, cette fois-là, il n’y avait pas de spectateur. Tant de fois j’ai été humiliée. Tant de fois j’ai été ridiculisée. C’était horrible. N’allez pas croire que je me laissais faire! Je ne mâchais pas mes mots. Seulement, ce n’était jamais assez pour lui tenir tête. Jamais je n’aurais pu avoir le dernier mot.

Après une colère noire, j’ai passé près de prendre un taxi du Vermont jusqu’à Laval et une autre fois, de Charlevoix. Comme j’étais toujours fautive, c’est ce que je méritais. Chaque fois, j’ai travaillé fort pour régler les affaires. Bien des fois j’ai eu envi de le prendre le taxi. Ça aurait été terminé une fois pour de bon. Faute de moyen financier, je prenais tout le blâme en attendant que mon homme se calme. Ma tête fonctionnait à pleine vitesse. Je me devais d’être imaginative afin d’éviter que ces menaces ne soient mise à exécution.

Un autre souvenir fou me revient. À St-Canut par une belle journée ensoleillée, mon amour et ses copains pratiquaient leur sport extrême. L’un deux s’est blessé gravement dans un champ un peu plus loin de nous. L’ambulance est venue le chercher. Mon homme certain que son autre copain était embarqué avec lui jusqu’à l’hôpital, m’a alors demandé de prendre le volant du bolide du blessé. Cette voiture était neuve, je ne savais pas conduire manuel et en plus, il y avait une remorque avec deux motos dessus. J’ai donc refusé. Je ne voulais pas avoir un accident, être blessée à mon tour et en plus détruire les biens matériels durement acquis par son copain

C’est devant mon refus que mon bel amour s’est mis en colère. Une fois de plus, tous les qualificatifs de la terre m’ont été jetés en pleine gueule. Injures par-dessus injures pour en arriver à ce que je conduise le camion avec lequel nous étions venus et lui l’autre voiture. C’était si simple! Avant notre départ, j’ai pris soin de demander à mon bourreau s’il était bien certain que ses deux chums étaient bien partis dans l’ambulance. J’ai tenté de le convaincre d’aller voir dans le champ où l’accident s’était produit, mais en vain, tout ce qui sortait de ma bouche était stupide, de la vraie merde!

C’est alors que nous avons pris la route en direction de l’hôpital. Avec peine et misère je suis parvenue à suivre mon énervé de chum qui conduisait comme un vrai débile. Passe sur les rouges, coupe une voiture par-ci une autre par-là. Ce fût stressant pour moi, qui, conduisait pour la première fois ce gros camion chargé. J’étais triste, j’étais en colère, mais habituée à être fautive, j’ai pris le blâme sur mes épaules et ce, sans aide. « Si j’avais su conduire manuel aussi ».

Une fois arrivée seine et sauf dans le stationnement de l’hôpital de St-Jérôme. Mon mec est entré prendre des nouvelles du blessé. Quelle ne fût pas sa surprise de voir que son autre copain n’était pas là. L’ambulancier lui confirma qu’il n’était pas embarqué avec eux. Déduction : il était encore dans le champ, seul et sans portefeuille puisqu’il était dans le camion. Vraiment, ce qui sortait de ma bouche était vraiment de la merdre, à ne jamais prendre en considération!!!

Devant cette constatation, mon chéri décida de partir pour aller le chercher. « Je prends le camion, toi, tu restes ici et tu check le char et les motos. Arrange-toi pas pour qu’on se fasse voler. Ça va aller mal! » Je me suis donc assise parterre dans le stationnement et j’ai monté la garde. Il faisait chaud, le soleil était puissant et c’était long. Vraiment long! J’avais soif, j’avais faim. Personne n’était en compagnie du blessé. Personne ne pouvait raconter aux docteurs ce qui s’était passé.

J’étais là assise, je suffoquais. Je n’avais pas d’argent, pas de montre et je ne devais pas perdre de vu le possible ennemie. Il fallait même que j’élimine l’idée d’aller uriner. Tout ce qui me tenait compagnie, c’était un paquet de cigarettes et quelques allumettes. Après un très long moment d’attente, je n’en pouvais plus. Je me suis levée et je me suis dirigée vers l’urgence. J’étais tellement nerveuse. Il n’aurait pas fallu que mon amour arrive au même moment, j’étais cuite. Je suis allée boire un peu, voir le blessé. Son père avait été contacté, il venait d’arriver, le médecin lui posait des questions auxquelles il ne pouvait pas répondre. Je suis arrivée juste au bon moment. J’ai pu leur expliquer ce que je savais, ce que l’on m’avait expliqué puisque je n’avais pas été témoin de l’accident. Je suis ressortie dans le stationnement avec de la nervosité entre les dents. Ouf! Tout était encore là. Une voiture et deux motos m’attendaient encore aux premières loges d’un stationnement. Et fort heureusement, mon chéri ne m’avait pas prise en flagrant délit.

Je repris donc mon poste de surveillance. C’était long, très long. J’ai vu le soleil se coucher. Cela devait faire quatre heures peut-être plus que j’étais là. Les coups de soleil pris pendant la journée me faisait souffrir. Bon dieu que je me trouvais conne. Je me répétais sans cesse que je devrais partir en taxi, demander à mes parents de payer la course et de le sortir de ma vie cet égocentrique-là. D’un autre côté, je savais que tout allait se régler, que j’allais passer l’éponge et que de son côté, il allait être merveilleux les prochains jours. Mettre mes parents au courant, ça voulait dire : plus de possibilité de revoir mon tendre amour.

À son arrivée, mon homme était souriant. Lui, son copain et sa conjointe avaient eu le temps de prendre quelques bières dans un petit bar de St-Canut. Son copain avait du marcher une bonne heure pour se rendre dans un petit bar. Une fois sur place, il appela sa copine pour quelle vienne le chercher. Entre temps, mon chum était arrivé sur place et il décida d’attendre la conjointe de son chum avec lui en prenant une bonne bière froide au lieu de venir me rejoindre. J’étais hors de moi. Et lui, il ignorait pourquoi je faisais la moue. Comme toutes femmes qui se respecte, j’ai gueulé, j’ai crié et je suis repartie vers la maison dans un autre véhicule. Il n’était pas question de l’avoir à proximité de moi. La suite, vous l’a devinez? J’aurais dû faire ceci, j’aurais dû faire cela et c’était de ma faute si j’avais passé une si mauvaise journée. En quelque part, il n’avait pas tord. J’aurais dû partir et m’en laver les mains. Aujourd’hui, remettez-moi dans la même situation et ça ne prendra pas trop de temps pour lever les voiles.

Tout au fond de moi, je savais que ce que je vivais avec lui ce n’était pas sain. Je voulais m’en sortir, mais j’ignorais comment et j’avais surtout peur de la suite. Il m’avait si souvent répété que j’étais nulle, que jamais un autre homme ne voudrait de moi que j’ai fini par le croire. Je ne me voyais pas vivre sans lui. J’avais besoin de lui pour être quelqu’un. Secrètement, je rêvassais de le prendre au lit avec une autre. Enfin, j’aurais eu une bonne raison de le détester et enfin de le savoir RESPONSABLE pour une fois.

Les engueulades s’ajoutèrent à notre histoire d’amour. J’ose dire amour, car entre ces grosses crises, je filais le parfait bonheur. Il était généreux, il me désirait du matin au soir jour après jour, il me faisait rire, sa famille était maintenant la mienne. Cette dernière était devenue ma terre d’accueil lorsque mes parents m’avaient mis devant un choix. C’était lui où c’était eux. Concours de circonstances, des photos très osées sur lesquelles je figurais et un sac de déshabillés, talon haut et vibrateur s’étaient retrouvés sous le toit de mes parents suite à une engueulade avec mon homme. Comme je ne voulais pas qu’il ait ces photos en sa possession, je les avais prises. Ma mère étant très contrôlante, intrusive a fouiller dans mes tiroirs et a découvert les photos.
Ma vie familiale a pris toute une tournure suite à cette découverte.
Bien des années plus tard, j’ai pu comprendre mes parents. Pauvre eux, ils avaient trouvé des photos très explicites, même pornographiques de moi nue dans un tiroir de ma chambre. J’avais accepté de les faire pour mon amour qui partait travailler au Vénézuela pendant deux mois. Ça allait sûrement l’aider à ne pas aller voir ailleurs.

Outrés par cette découverte, certains que c’était mon copain qui était à l’origine de ces dernières, mes parents ont eu peur qu’il y ait diffusion des ces photos. Ils n’aimaient pas beaucoup leur gendre et avec ce qu’ils venaient de voir, ils ignoraient où allait me mener cette relation. J’avais à peine 17 ou 18 ans. Ce dû être horrible pour mes parents de voir leur bébé ainsi. Souvenez-vous que la religion avait beaucoup d’importance aux yeux de ma mère. Je venais de signer ma place en enfer. Et s’il fallait que ces photos soient publiées? Qu’est-ce que les gens allaient dire?

C’est ma belle famille qui m’a récupérée dans tous mes états. J’ai partagé mon quotidien avec eux pendant deux années. D’un côté j’étais déchirée, gênée, honteuse et de l’autre, j’étais en colère contre ma mère qui refusait de me remettre les photos. Mon bel amour ne m’aidait pas. Il m’était de la pression pour que je les récupère disant que son pénis apparaissait sur l’une d'entre elles. Pauvre petit!!!

J’ai réussi après quelque temps à fixer des petites rencontres secrètes avec mon père. Toujours dans un terrain neutre et ce, afin de m’assurer qu’il allait disposer des photos. Quelles soient brulées ou déchiquetées m’importait peu. Tout ce que je voulais, c’est que personne ne tombe là-dessus. Après quelques mois et beaucoup d’inconfort, j’ai revu ma mère et le reste de la famille. J’y allais toujours seule. Mon copain n’allait sûrement pas être bienvenue et de toute façon, de son côté, il refusait catégoriquement d’y aller. J’avais pris tout le blâme afin de blanchir mon amoureux. Je le protégeais de mon environnement afin qu’il puisse poursuivre à faire partie de ma vie.

Je suis même allée jusqu’à garder le silence lorsqu’il est reculé en voiture sur moi. J’avais le corps entre la portière et le véhicule, le cou à la jonction de la porte. À grande vitesse, il a fait marche arrière et la porte se refermant sur moi, j’ai tenté tant bien que mal de sauver ma peau en courant par en arrière pour me dégager. Il s’est tellement excusé suite à cet événement. Est-ce la semaine suivante qu’il a fait sa demande en fiançailles? Oui, exactement, la fin de semaine suivante, il me demandait en fiançailles.

Tout le paquet avait été mis. La voiture de location, le condo de luxe, le restaurant sept services, une fabuleuse cave à vin, un décor à faire rêvée. Tout ça, à Charlevoix! Comment aurais-je pu refuser. J’étais remplie d’illusions. Tout était parfait. Une fois la bague au doigt, j’ai eu la nausée. J’ai vu de près les toilettes de ce grand restaurant. Je suffoquais sous le poids de cette bague, j’avais peine à respirer. J’ai tenté tant bien que mal de tout rationnaliser, de me convaincre qu’il allait changer, qu’à notre retour il ne serait plus le même homme, mais sans succès.

Une fois sortie du restaurant, il tenait à ce que j’appelle ma mère pour lui faire part de la nouvelle. Elle avait déjà tout deviné. Dans ma voix, elle a perçu mon malaise, mais elle s’est forcée pour me féliciter. À notre arrivée dans le condo, mon fiancé s’attendait à passer une soirée endiablée. Ce ne fût pas le cas. J’allais me mettre la tête dans la toilette aux 10 minutes. Il était déçu et il m’a fait une remarque qui a amplifié mon inconfort. Après une nuit de sommeil, j’allais probablement allée mieux et je verrais clair dans mes idées.

En se réveillant, mon bel amour me vit regarder la bague avec un air songeur. Il s’est mis à me poser des questions. Puis avec tout le courage du monde, j’ai fini par lui dire que j’avais peur, que je n’étais pas certaine, que je croyais ne pas être prête. Le bouton panique venait d’être enclenché. Il m’arracha la bague du doigt, enfila un pantalon et m’annonça que j’allais devoir revenir à Laval par mes propres moyens. Ce que j’ai pleuré, ce que j’ai travaillé pour avoir le droit de revenir en voiture avec lui. Ce fût horrible. J’étais encore malade, donc il fallait s’arrêter sur le bord de l’autoroute. Je devais faire vite, car j’étais en compagnie d’un homme impatient qui n’avait plus d’empathie pour moi.

Après quelques heures de route, j’ai commencé à lui parler. J’ai tenté de lui expliquer ce que je ressentais. Il s’arrêta une autre fois sur le bord de l’autoroute, non pas pour me permettre d’être malade, mais bien pour me refaire la demande. Avec tout ce qui venait de se produire, j’étais mieux de dire oui. C’est ce que j’ai fait. L’atmosphère s’est calmée, j’ai pu dormir un peu. À notre arrivée à la maison, je me suis couchée question de me reposer de me remettre sur pieds. J’étais déshydratée et faible contrairement à lui qui pétait le feu. Il prit le téléphone pour annoncer la bonne nouvelle à tout le monde. Puis une fois ceci fait, il m’annonça qu’il allait aller me reconduire chez ma mère. Il ne voulait pas d’une femme malade, alors tant que j’allais être dans cet état, je devais rester auprès d’elle.

Ça été le début du retour à la réalité. Disons que cette phrase ne m’a pas rassurée dans mon choix. Croyez-le ou non, j’ai été une semaine au lit. Ma mère m’a nourrit à la cuillère pendant plus de deux jours. J’étais complètement déshydratée. Devant mon état, ma mère m’a demandé : « c’est elle la bague qu’il t’a offert? Elle est très belle. Tu sais ma grande, si elle est trop lourde pour toi, tu as le droit de la refuser. » C’est suite à cette petite phrase que pour la deuxième fois en sept jours, cette bague fût rendu à son principal acquéreur. Je ne vous dis pas à quel point nous avons discuté. J’étais perdue, je me trouvais folle d’hésiter devant une si belle preuve d’amour. Tout au fond de moi, quelque chose me disait qu’il ne fallait pas m’engager tout de suite. Je devais encore attendre. J’allais finir par le transformer. Devant mes états d’âme, mon tendre amour accepta de poursuivre notre relation et d’être patient. Ça duré deux ans.

Comme dans tous les couples, il y avait des hauts et des bas. Après l’épisode des fiançailles, vinrent celle de lui faire un enfant. Je me faisais supplier. Il n’en était pas question pour moi. J’allais à l’université, j’aspirais à une belle carrière. Je l’ai senti s’éloigner. Il allait aux danseuses de plus en plus et il consommait de la cocaïne régulièrement. Il connaissait ma position sur le sujet, mais j’étais une blonde compréhensive. Je lui ai donc donné plus de temps pour lui, plus de liberté question qu’il se replace, qu’il réfléchisse.

Puis, le 1 juin 2000, c’est par téléphone que mon bel amour mis fin à notre relation. Il était perdu, je ne lui donnais pas ce qu’il voulait, il ne pouvait plus attendre. J’étais démolie. Ma vie venait à ce moment précis de s’arrêter. Je n’existais plus!

Une semaine s’écoula et il vint me rendre visite dans l’appartement d'une copine où j'étais seule pour quelques jours. Nous avons passé une merveilleuse nuit. Probablement la plus belle en 6 ans. C’était magique. Rempli d’amour, de respect, d’ennui, de complicité. Afin de ne pas lui mettre de pression, j’ai pensé bon ne pas le rappeler le lendemain.

Le surlendemain, j’avais décidé d’aller me faire bronzer et d’aller le voir après. Mes plans ont été quelque peu bousculés quand je suis arrivée au salon de bronzage face à face avec lui et la fille qui l’accompagnait. Il a osé me la présenter. Tout était clair! Elle avait passé la nuit avec lui, chez lui, dans mes affaires. Ce n’était pas la première fois. Entre vous et moi, après une histoire d’un soir, on ne va pas se faire bronzer avec la conquête de la veille.

Il avait donc mis fin à notre relation pour elle. Il avait passé la nuit de vendredi à samedi avec moi et la nuit suivante avec elle. Quel salop! Je suis devenue tout à coup complètement folle. Je me suis rendue chez mes parents, je l’ai appelé et j’ai hurlé. Il raccrochait, je rappelais. J’étais enragée, je me sentais trahie, sale, démolie. Une vraie loque humaine. Je ne valais donc rien à ses yeux? Six ans et demi avec lui à endurer ses sautes d’humeur pour ensuite me faire jeter ainsi? J’ai repris la route comme une singlée. Je me suis rendue dans l’appartement de ma copine afin d’être seule et de pleurer toutes les larmes de mon corps. J’étais seule, enfermée à m’infliger des coups de poings au corps tellement j’avais mal.

C’est à ce moment qu’il est arrivé. Il venait me vendre l’idée que c’était l’amie d’un ami. Qu’il ne s’était rien passé entre eux. Il m’a ensuite fait l’amour. Je croyais que tout était réglé quand il m’a dit : « Bon, tu as l’air mieux, je vais m’en aller. » C’est ce qu’il a fait. J’ai rappelé chez lui un peu plus tard, j’étais mêlée. Elle était encore là. J’ai passé une nuit d’enfer. C’était une deuxième trahison. Le lendemain matin, ma mère est venue me sortir de là. Une copine lui avait dit que je n’allais pas bien, qu’il valait peut-être mieux ne pas me laisser seule.

Deux jours plus tard, j’ai appris que la fameuse fille qui l'accompagnait était danseuse nue. Le comble du malheur. Toutes ces années pour être remplacé par une danseuse nue. J’ai fait une dépression par la suite. Je pleurais sans arrêt. Je ne dormais plus. J’ai perdue un bon 10 livres en une semaine. Puis le temps a fait son œuvre. Tranquillement, je me suis remise sur pieds. J’ai repris contact avec mes copines, je me suis mise à sortir et me rendre compte que j’attirais les hommes.

Quelques mois plus tard, mon ancien amour s’est mis à m’appeler. Il s’ennuyait, il avait envi de moi, je lui manquais, nos conversations, mes découvertes à l’université devenaient soudainement intéressantes. Je suis restée forte devant ces déclarations. J’ai l’ai écouté me raconter sa peine. La danseuse n’avait rien de bon à dire, pas de communication possible, pas de conversation au retour du travail. Vous vous souvenez que j’étais nulle, inintéressante, ennuyante? Faut croire que la danseuse était pire que moi!

Devant mon attitude, mon écoute, mon ouverture, il me demanda à plusieurs reprises de revenir dans ma vie. Je suis restée forte devant ses autres demandes. Nous nous sommes mis à nous revoir. Une fois de temps en temps. À ce qu’il me disait, la danseuse ne faisait plus parti du décor. On s’est retrouvé au lit quelques fois. Quand je flanchais et que je l’appelais, qui est-ce qui me répondait? Et oui, la danseuse! Mensonges par-dessus mensonges le jeu continuait. Puis, la nouvelle nulle dans sa vie tomba enceinte. C’était un bon moyen pour lui d’expliquer sa présence. « Je ne peux pas la laisser tomber comme ça, je dois prendre mes responsabilités jusqu’à ce qu’elle se fasse avorter. » Il n’y avait pas d’amour entre elle et lui, c’était une expérience!

Pour sa fête en août, 3 mois après notre séparation, je lui ai apporté un cadeau. Je suis entrée dans l’appartement que j’avais décoré et emménagé un an plus tôt et qui n’était pas couchée nue dans le lit à ses côté lorsque j’ai ouvert la porte de sa chambre? Et oui, la danseuse! Il m’en a tant dit ce matin là pour éviter de me perdre. J’ai commencé à décrocher, heureusement. On se voyait rarement. On faisait l’amour de temps en temps même si je savais que la danseuse était toujours dans le décor. Je me suis mise à prendre ce que je voulais, quand je le voulais et à ne plus donner. De son côté, la nulle croyait que je courrais après son homme et que je voulais lui prendre. C’est fou comme les gens ont peur de se faire faire ce qu’ils font aux autres. Je ne peux pas la blâmer, j’ignore ce qu’il lui racontait à elle. Sûrement pas la vérité.

D’un côté comme de l’autre, nous étions deux folles qui ne décrochions pas de ce mâle. Ça duré deux ans. L’enfer de la drogue s’est mis à ravager sa vie autant que lui. J’ai été présente pendant un certain temps. Je voulais l’aider, le sauver. En vain, j’ai réalisé que c’était du temps perdu. À ce jour, il doit avoir une dizaine de désintoxications à son actif. Ça fait un an que je n’ai plus aucun contact avec lui. Après huit ans, il était temps! Reste que j'ai pris de ses nouvelles par l’intermédiaire de sa grand-mère que j'ai toujours considéré comme la mienne.
Une femme intègre, admirable, merveilleuse qui voit clair et qui n’a pas peur des mots. Je me sens privilégiée de l’avoir dans ma vie. La seule qui ne m’a pas jeté du revers de la main après notre rupture et la venue de la danseuse dans sa vie. Ses parents le croyaient enfin très heureux depuis le début de sa relation avec la danseuse. Il se défonçait tous les jours, ses parents pouvaient bien croire qu'il était maintenant heureux. Cette fille était merveilleuse et moi, inexistente maintenant dans leur vie. Reste que je souhaite vraiment à cet homme qui m’a fait tant de mal de s’en sortir. Je sais que c’est un homme plein de potentiel qui suite à un abus sexuel à perdu tous ses repères.

Je sais qu’il est difficile pour bien des gens de comprendre que je ne lui en veule pas. J’ai été aussi responsable que lui dans cette histoire. Je suis restée, j’ai accepté, j’ai manqué de respect envers moi-même, je me suis perdue et j’ai fini par ne plus m’aimer. J’avais et j’ai toujours eu le choix de le quitter. Je ne l’ai pas fait. Puis, d’un autre côté, je sais que ce genre de personne souffre beaucoup. Au fond, c’est d’aide dont il a besoin.

Toutes ces années en dents de scie m’ont fait apprendre. Je savais davantage ce que je voulais. Je détectais les manipulateurs hommes ou femmes rapidement et je les écartais de ma vie.

Après lui, j’ai vécu pour deux. Je suis sortie plus qu’à mon tour. J’ai rencontré beaucoup d’hommes à qui je n’ai laissé aucune chance. J’étais devenue une femme pour qui, seule la performance sexuelle avait de l’importance. C’était un domaine dans lequel je savais que j’excellais. J’étais nulle, inintéressante, mais au lit, je savais ce qu’un homme voulait. Dans ma tête, c’était le seul moyen d’être aimé. Pourtant, je fuyais toutes les possibilités de relation. Tous les hommes étaient pareils, impossible de leur faire confiance. Aucun autre ne m’aurait à son jeu. Je les aurais avant. Ça duré pendant cinq ans.

Ces cinq années m’ont permis à leur tour d’apprendre à me redécouvrir, à me reconstruire. Je sais vraiment aujourd’hui ce que j’aime, j’ai des passe-temps, des amitiés sincères, une famille merveilleuse, une carrière dont je peux être fière. Je sais à quel point il est important de vivre pour soi. Plus jamais, enfin je l’espère, je n’aurai plus à construire des scénarios mentaux pour faire face aux humeurs d’un homme.

Au cours de ces années, j’ai vécu un autre drame. Avec mon frère cette fois-ci. Nous ne nous sommes pas adressé la parole pendant un bon deux ans. Je tiens à censurer cet épisode de vie. Il est encore douloureux dans mon cœur et la nouvelle relation grandissante avec mon frère mérite ce silence et ce respect.

Ce drame m’a fait faire une chute psychologique assez prononcée. J’ai quitté le nid familial pour me faire héberger chez une copine pendant quelques jours. Puis, j’ai aménagé chez l’une de mes sœurs. Je me retrouvais là, sans racine, à dormir sur un matelas de futon, dans une pièce vide. Je me sentais perdue. Plus rien ne me gardait « groundée ». Je n’arrivais plus à aller travailler. Je ne voulais plus sortir de la maison, j’essayais de m’accrocher au peu de sécurité qui m’entourait. Je pleurais sans arrêt, je ne dormais plus, je ne mangeais plus. Ma sœur m’a dit un jour que c’est à ça qu’elle ressemblait quand elle avait fait sa dépression.

Moi, dépressive? Je n’y croyais pas. C’est lors du voyage de mes parents et ma sœur que le coup ultime a été donné. Ma mère inquiète de me voir dans un tel état à demandé à ma copine de venir passer la semaine auprès de moi. Fille d’infirmier en psychiatrie, elle a fait part de mon état à son père. Ce dernier a obtenu un rendez-vous d’urgence avec un psychiatre d’Albert-Prévost. Ça m’a tout pris pour me rendre au rendez-vous. Heureusement que ma chum ait été là pour m’encourager, me pousser. Jamais je ne la remercierai assez celle-là. Dieu sait à quel point je l'aime et que j'apprécie quelle fasse partie de ma vie.

Après deux heures de ventilation devant le psychiatre, je suis ressortie avec trois diagnostics. Je fais de l’anxiété généralisée avec crise de panique et agoraphobie. Soulagée de ne pas être schizophrène et effrayée de savoir que j’ai toujours et que je serai toujours prise avec cette maladie.

À partir du moment où l’on sait ce que l’on a, on peut au moins recevoir de l’aide. Cinq années en psychiatrie ont suivi. Deux sortes de médications et une désensibilisation graduelle m’a permis de réduire mon agoraphobie considérablement.

Cette visite chez le psy m’a permis de comprendre bien des choses de mon passé. Le malaise à Charlevoix, un autre à l’aéroport et plusieurs autres faiblesses non-explicables à l’époque. Dans le fond c’était des crises de panique que je prenais pour une santé fragile. Comme elles n’étaient pas aussi fréquentes qu’aujourd’hui, je ne pouvais pas imaginer que le problème venait de ma tête. Le tout a pris une toute autre ampleur en vieillissant. Puis, après ces années de consultation, j'ai pensé être assez forte pour affronter la vie seule.

J’ai réussi à laisser entrer un homme dans ma vie. J’ai partagé son quotidien pendant un an et demi. Ça été vite. Après quatre mois nous habitions ensemble. Ça allait. Je m’ennuyais un peu avec lui qui était passif, sans initiative dans la vie et au lit. Toujours le même ton, toujours les mêmes occupations. Mais il était respectueux et compréhensif comme il s’en fait peu. J’ai beaucoup espéré de cette relation. J’avais réussi à mettre une croix sur le grand amour pour en vivre un sain, constant, sécuritaire et confortable. Malheureusement, mon bel amour avait un penchant assez prononcé pour la bouteille. Me coucher à ses côtés lorsqu’il avait abusé du poison me faisait revivre de très mauvaises sensations. L’odeur me répugnait, des images désagréables d’agression me montaient à la tête. Encore à ce jour, je cherche la véracité de ces images. Je lui en ai parlé à plusieurs reprises. Comme tout alcoolique, il n’avait pas de problème. Je lui demandais donc de réduire sa consommation, ça ne devrait pas être un problème. Il s’est avéré que j’étais le problème. Je déformais la réalité, j’étais intolérante et que ce serait à moi de travailler là-dessus et non à lui de changer ses habitudes. J'étudiais en psychothérapie à l'époque. J'en ai profité pour en parler, tenter de voir clair dans tout ça. Étais-je une fois de plus dans ma vie, LA RESPONSABLE, LA COUPABLE?
J’ai fini par quitter la maison pour recommencer ma vie seule. Je ne voulais en aucun cas, commencer à me remettre en doute et surtout offrir une enfance comme la mienne et celle de ma fratrie à mes enfants. Ce fût pour moi une grande déception; un sentiment d’échec.

Je me retrouvais seule, sans meuble, sans argent. J’avais peur de mes réactions, j’avais peur de m’ennuyer et de me laisser aller. J’ai tendance à me laisser tomber lorsque ça ne va pas. Finalement, j’y suis arrivée. Les premiers mois ont été pénibles, mais j’ai toujours aimé la solitude à une certaine dose. J’ai commencé à me plaire dans mon cocon, à apprécier vivre seule, dans le calme et l’ordre. Tout cela fût assez bénéfique pour réduire mes crises de panique et mon anxiété.

Malgré le fait que je connaisse bien ma problématique, que je sache d’où elle vient et ce qu’il faut faire pour mieux vivre avec, reste qu’il est très difficile d’avoir une vie douce et paisible. Ma tête roule toujours très vite, elle anticipe toutes les possibilités négatives dans un petit comme un grand événement. Je suis constamment anxieuse. Différents degrés m’habitent selon la nouveauté ou non d’une activité, d’une rencontre, d’un horaire chargé, du stress ou de la fatigue qui m’envahi.

Cette problématique mentale a donné naissance à une défaillance physique. J’ai le syndrome de l’intestin irritable aïgu. Étroitement lié avec l’état d’esprit dans lequel je suis, ce syndrome me complique également la vie. Douleurs quotidiennes, plusieurs selles par jour, un intestin qui s’effrite et je vous épargne le reste. Donc, plus je suis anxieuse, moins ma santé est bonne et moins ma santé est bonne plus je suis anxieuse. Vous voyez le topo?

Il va de soi pour moi que lorsque je suis fatiguée, j’évite toutes activités susceptibles de créer un stress en moi. On oubli donc le resto, les bars, les grands soupers entre amis. Tout doit être simple, relax et je dois absolument me sentir libre de partir quand bon me semble.
Rencontrer un homme! Ouf, c’est quelque chose pour moi. C’est une source d’anxiété pour tout le monde. Ça donne la nausée, des mots de ventre, la diarrhée, le souffle court…Pouvez-vous vous imaginez ces sensations 50 fois plus intenses. C’est ce que je ressens. Je n’exagère même pas, un psychiatre m’a déjà dit que c’était 100 fois plus puissant que la normal des gens. C’est ce qui explique notre difficulté à fonctionner normalement.

En plus, il est difficile pour moi de croire qu’un homme va vouloir d’une femme malade. L’homme qui m’a demandé en fiançailles deux fois est venu me reconduire chez ma mère en disant qu’il ne voulait pas d’une femme malade. J’avoue qu’il était quelque chose celui-là, mais quand même. C’est lourd pour les gens autour de toujours considérer l’anxieux à côté. Des banalités sont parfois, dans notre tête, irréalisables. Pourtant, avec beaucoup d’efforts et de contrôle nous les faisons et nous sommes souvent surpris du plaisir que l’on a pu en retirer. Le « avant » est tellement souffrant qu’il nous fait souvent passer à côté de belles opportunités : voyages, rencontres, un chalet loué entre amis où l’on se retrouve avec des gens que l’on connait peu, journée de plein air, fin de semaine de ski avec un couple d’amis et j’en passe.

Heureusement, je me suis poussée plus d’une fois dans le derrière afin de participer et profiter de ces belles activités. Ça m’a demandé beaucoup d’énergie, de contrôle, de moments de solitude. Ça peut me prendre du temps une fois arrivée sur place avant de me sentir bien, avant d’être confortable et avant d’arriver à avoir du plaisir. Jamais je ne pourrai mettre en mots ce que je vis, jamais je ne pourrai témoigner de l’intensité et de l’ampleur que l’anxiété prend dans ma vie.

Un an et demi plus tard, j'ajouterai ceci:
Me voilà à 29 ans, deux ans après ma dernière séparation, habitant seule et ayant les mêmes inquiétudes. Elles viennent me chatouiller farouchement l’esprit et le cœur. Vais-je rencontrer un homme, un complice, un amour, un amant et un ami à la fois? Vais-je pouvoir avoir un jour une petite famille? Ce n’est pas évidant de rencontrer de nos jours. À mon âge en plus, ils sont tous mariés, accotés ou papa. Pour une fille tout à fait normale ce n’est pas évident, alors pour moi, ce n’est vraiment pas évident. J’ai toujours mon anxiété qui envahit mes pensées et mon corps. J’ai encore ce vieux réflexe de me diminuer en affirmant qu’aucun homme ne voudra de moi. J’ai ces maladies et j’ai des kilos en trop.

La médication a eu l’effet positif de me permettre de mieux fonctionner, mais elle a aussi eu un impact négatif sur ma silhouette. 30 livres de plus en quatre ans, difficile à avaler. Les gens sont tellement remplis de préjugés. J’en ai envers moi-même. Comment imaginer que les gens autour n’en auront pas?

Je sais que tout cela vient d’un manque de confiance. Huit ans plus tard, je n’ai pas encore réussi à déprogrammer mon cerveau complètement afin de croire pleinement en moi. Ce n’est pas évident de s’encourager seule, de se valoriser, de se féliciter, d’apprendre à croire en soi et à avoir un bel estime de soi. C’est un travail de longue haleine sur lequel je me dois de mettre des efforts.

Par chance, du côté professionnel, les choses vont biens. J’exerce la profession qui offre le plus de congés. Je suis orthopédagogue ou si vous préférez, enseignante en adaptation scolaire. Après avoir travaillé 1 an et demi dans une clinique privée, une commission scolaire est venue me chercher et m’offrir un poste à temps complet. Voilà trois ans que je travaille dans la même école avec des enfants autistes ayant une déficience intellectuelle de moyenne à profonde.

« Je ne ferais pas ta job! » Je l’entends souvent celle-là. Je crois qu’effectivement certaines personnes sont mieux placées que d’autres pour exercer un tel emploi. Reste que je ne pourrais pas à mon tour travailler seule devant un ordinateur toute une journée. J’ai besoin de chaleur humaine, j’ai besoin de me surpasser dans mes contacts interpersonnels, j’ai besoin de psychologie, j’ai besoin de me sentir utile envers la société dans laquelle je vis, j’ai besoin, j’ai besoin, j’ai besoin. Ce boulot, très exigeant, me donne la possibilité de combler plusieurs de ces besoins. Ces enfants sans mots réussissent à me faire savoir qu’ils m’aiment, qu’ils m’apprécient avec un simple regard, avec la tendresse dessinée dans un sourire. Je veux pouvoir offrir à ses petits enfants hypothéqués du bonheur, de l’amour, une vie des plus normales, de l’importance. Je crois sincèrement qu’ils y ont droit au même titre que nous. Malheureusement, ils ne peuvent y arriver seuls, voilà pourquoi je suis là.

Même les morsures, les coups, les cheveux arrachés ne sont pas venus à bout de me décourager. Chaque fois, je me dis que ce n’est pas de leur faute. Ils ne veulent pas faire de mal contrairement à bien des gens soi disant normaux. Ils n’ont pas la parole pour exprimer leurs frustrations, leurs besoins, leurs douleurs, leurs craintes…

Malgré des années de doute dans mon choix de carrière, je crois m’accomplir auprès d’eux. J’apprends tellement sur moi et sur leur condition que j’aimerais pouvoir un jour transmettre mes connaissances à des étudiants universitaires. Éventuellement, faire profiter mon savoir à de nouveaux enseignants dans le domaine, devenir une conseillère pédagogique proactive. Il va de soi que des années d’expérience seront nécessaires. Si le doute ne me tourmente pas trop, j’y arriverai!

En attendant, constamment à la recherche de je ne sais quoi, en fait je sais; la perfection, je retournerai étudier. Peut-être trouverais-je le parfait bonheur dans ma profession avec un à côté? La psychologie est mon dada, les relations humaines me stimulent énormément, les arts aussi. C’est probablement contradictoire pour vous ces dernières idées. Je m’accomplie, j’aspire à de belles choses dans ma carrière actuelle, mais je continue à chercher. J’ai parlé du doute précédemment, ce dernier m’habite constamment. Je remets plein de choses en question tout le temps. Suis-je vraiment faire pour ça? Suis-je vraiment bonne là-dedans? Pourrais-je être plus heureuse ailleurs? Qu’est-ce qui me stimulerait? Qu’est-ce qui pourrait susciter une passion chez moi? Vais-je être satisfaite pleinement un jour? Dois-je m’asseoir sur ce que j’ai ou poursuivre mes recherches et continuer d’enrichir mon existence par de nouvelles connaissances, par cette soif d’obtenir toujours mieux, toujours plus?

Quand je prends du recul sur ces dernières pages, je réalise que je suis une fille qui se pose une tonne de questions. Je suis remplie d’interrogations, de questionnements, de tourments, de craintes et de peurs. J’en retire du positif dans plusieurs aspects de ma vie et malheureusement, du négatif en découle. J’aimerais parfois être simple d’esprit comme je me plais à le dire. Avoir la tête vide pour un moment, le cerveau au neutre. Plus de hamster qui court à s’en taper la tête sur les parois de mon crâne tellement il doit travailler fort pour suivre le rythme.

Pourquoi avoir écrit toutes ces lignes?
C’est suite à un réveil, un certain samedi matin, la tête remplie de mots et d’images qu’un poussée de créativité s’est emparée de moi. Contrairement à l’habitude, ce ne fût pas les pinceaux, la peinture ou ma trousse artisanale de confection de colliers qui furent interpelés. C’est le papier et le crayon qui répondit et calmit l’intensité de cette poussée de créativité.

Me voilà quelques mois plus tard, à publier ces pages qui m’ont si bien accompagnée, écoutée, non-jugée, qui ont gardé secret mes révélations pendant ce processus. Elles ont été là, pour moi, silencieuses pendant que de gauche à droite ma main y glissait pour y apposer l’histoire de ma vie.

Je crois qu’il est nécessaire de garder en tête qui nous sommes et d’où nous venons. Ces informations personnelles vous permettront de comprendre ma conception des hommes, de l’amour, de la vie!

Saurez-vous m’aider à reprogrammer mes pensées?

J’ose l’espérer!

Karim’Agine


















8 commentaires:

Fragments de lucidité a dit…

Ouf... quel courage, quel détermination et quel force que de faire face à tout ce passé et toute cette vie qui semble n'avoir épargné aucun p'tit fragments de ton existence. Je suis déjà impatiente de lire la suite, de voir comment quelqu'un qui, avec toutes ces souffrances et toutes ces blessures, arrive à profiter d'un quotidien sans jamais baisser les bras devant ce grand combat qui représente la recherche d'équilibre, la reconstruction de soi et la quête d'un bonheur si sauvagement fragilisé.

À toi je souhaite du beau, du sain, du simple, de la sereinité et de l'équilibre à travers tous ces p'tits tourments. Bonne continuité et au plaisir de lire à nouveau!!!

Karim'Agine a dit…

Merci pour ces beaux mots.
C'est spécial pour moi de lire ta réaction. Je suis encore beaucoup portée à banaliser mon vécu. C'est rassurant à la fois d'entendre cette réaction. C'est une certaine acceptation de ce que je suis aujourd'hui que je perçois dans ton regard.

Le grand saut vient d'être effectué!

Merci à toi

Grande-Dame a dit…

J'appuie Fragments, les épreuves que vous avez vécues sont un fardeau dont on finit par apprendre à porter le poids avant d'en prendre conscience et de "travailler" sur les aspects de notre vie pour lesquels nous avons un pouvoir.

De l'extérieur, il est facile de reconnaître une relation handicapante et malsaine, mais souvent, au centre même de ce genre de relation étouffante, on ne se soupçonne pas suffisamment de force et de conviction pour cesser de subir cette violence psychologique.

Bravo à vous d'avoir su apprivoiser cette angoisse (fichue angoisse!!) pour vous tricoter un présent, une profession ainsi qu'une volonté d'avancer.

Vos parents semblent vous aimer beaucoup et je vous seconde: vous avez une mère en or.

Karim'Agine a dit…

Merci grande dame.
De telles paroles venant d'une maman ne peuvent que me faire chaud au coeur.
C'est avec un sourire de tendresse que je vous ai lu.

Miss Patata a dit…

Oh la la...
Quelle force! Se sortir de tant d'épreuves... De la résilience pure et simple.
J'ai de l'admiration. Il faut voir, il faut réaliser l'immensité...

Karim'Agine a dit…

Et je continue à banaliser!!!

Anonyme a dit…

j'ai tenté d'écire un commentaire sur ton blogue mais c'était trop compliqué...alors c'est plus simple pour moi de t'écrire un petit émail pour te féliciter et te remercier de m'avoir fait partager ton intimité! je l'ai lu d'une traite sans pouvoir m'arrêter!
et en plus tu écris merveilleusement bien, j'espère que ce médium te permettra de surpasser certaines croyances!!! suite à cette lecture j'avais envie de te jaser ... et de te parler de certains trucs mais j'en profiterai à notre future rencontre hi!

Je t'embrasse fort et continue

Anonyme a dit…

J'ai lu ton premier texte avec beaucoup d'interet. On se fait une image des gens qui est souvent loin de la realite. J'admire ta FRANCHISE et ta DETERMINATION. Tu sembles foncer vers le bonheur et je suis sure que les chemins que tu prendras t'y ameneront. J'ai hate de lire tes prochains textes. D'ici la je te souhaite de la legerete!!
lo (d'ortho)